Suite à une réforme du soutien du CNC au documentaire en 2015, concomitante à une volonté de transparence des apports en industrie des chaînes, l’ensemble de la profession s’est mobilisée pour dénoncer une grande fragilisation de la création documentaire, en particulier celle qui était portée par l’engagement des diffuseurs locaux.
Les auteur·es-réalisateur·rices ont alors souhaité réfléchir ensemble, au-delà d’une parole commune à l’ensemble du secteur, pour porter la voix spécifique de leur profession et s’adresser aux institutions, aussi bien nationales que territoriales. C’est en s’appuyant sur l’existence de l’Interrezo, qui réunissait déjà informellement depuis 2006 des associations régionales dans une démarche de partage d’expériences, que s’est amorcée la dynamique. De nouvelles régions ainsi que de nouvelles associations nationales ont pris part aux échanges. L’écriture conjointe d’une plateforme de propositions adressée aux diffuseurs, aux institutions et aux collectivités a acté la naissance du collectif : Au début de l’été 2015, La Boucle documentaire était constituée, pour la défense du documentaire de création.
Lorsque le CNC a ouvert un cycle de concertation réunissant l’ensemble du secteur afin de trouver une solution à cette crise, La Boucle documentaire a été conviée pour représenter les auteur·ices réalisateur·ices dans leur diversité la plus large. Aux côtés de la Scam, elle a grandement participé à l’élaboration de propositions qui ont permis aux chaînes locales de continuer d’être des actrices importantes de la diffusion du documentaire de création, et à de nombreux films d’exister. La Boucle est ainsi identifiée par les partenaires du secteur (CNC, Scam, collectivités, syndicats de producteur·ices, syndicats de réalisateur·ices) comme une voix représentative des auteur·ices réalisateur·ices de documentaire de création sur l’ensemble du territoire.
Elle a notamment participé à la concertation pour la réforme du FSA du CNC (2016-2017).
Sans existence légale, elle n’a toutefois pas pu siéger de manière officielle dans certains espaces de concertation (la nouvelle charte auteurs-producteurs initiée par la SCAM en 2019, ou la concertation en 2021 sur les artistes-auteurs par le Ministère de la Culture). Mais lorsque certaines des organisations membres y ont pris part (la SRF ou ADDOC par exemple), c’est l’expertise de l’ensemble de la Boucle qui s’est exprimée à travers elles.
Depuis 2015, de nouvelles organisations ont rejoint la Boucle, voire se sont créées sous son impulsion. En 2021 tout le territoire métropolitain était représenté, ainsi que la Corse et la Réunion. Ce déploiement a permis de travailler sur une expertise au plus près des réalités des auteur·ices-réalisateur·ices, quel que soit leur espace de création et ses spécificités (existence de diffuseurs locaux, COM, structuration des professionnel·les, organisation des services).
Cette structuration légale a permis de clarifier son rôle : La Boucle peut désormais siéger comme représentante des 16 organisations qui la composent.
Par son expertise croisée des différents territoires, La Boucle a également permis aux auteur·ices réalisateur·ices de modifier un rapport de force parfois extrêmement défavorable avec la puissance publique. Elle a établi un dialogue régulier avec le CNC (sur les enjeux nationaux et sur les conventions triennales États-Région), et chacune des associations qui la constitue est une interlocutrice incontournable pour les différentes collectivités. Elle a développé une expertise sur les mécanismes d’aides dans chaque région, ce qui favorise les échanges d’expérience et permet d’améliorer les dispositifs.
La spécificité de la Boucle documentaire est d’être constituée d’organisations régionales et nationales réunies sur un pied d’égalité, et de pouvoir ainsi articuler une pensée qui s’appuie sur cette double expertise, en cherchant une convergence des enjeux. La nature même du collectif induit deux dimensions fondatrices pour la Boucle : un maillage territorial serré et une forte représentativité.
Nous, auteur·rice·s-réalisateur·rice·s, rassemblé·e·s en associations, partageons la conviction que le documentaire de création est l’endroit où peuvent s’exprimer les diversités de points de vue, de sensibilités et de cultures qui traversent nos sociétés.
Par documentaire de création, nous entendons une œuvre artistique qui met en scène le réel par des procédés dramaturgiques utilisant des images et/ou des sons. Ces œuvres sont empreintes du regard original, exigeant et singulier de leurs auteur·rice·s, depuis leur conception jusqu’à leur achèvement.
Notre travail nécessite un long processus de recherches, de rencontres, d’expérimentations et de questionnements aboutissant à une œuvre unique, échappant à la standardisation des formes et de la pensée.